J.-L. Rickenbacher: Für den Frieden in einer Zeit des Krieges

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Titel
Für den Frieden in einer Zeit des Krieges. Schweizerische Friedensgesellschaft und organisierter Pazifismus während des Ersten Weltkrieges


Autor(en)
Rickenbacher, Jean-Luc
Reihe
Berner Studien zur Geschichte, Reihe 5: Ära der Weltkriege (1)
Erschienen
Bern 2018: Bern Open Publishing. Universitätsbibliothek Bern
Anzahl Seiten
165 S.
von
Alain Clavien, Institut de journalisme, Faculté des lettres de l'Université de Neuchâtel

Si plusieurs travaux ont éclairé l’histoire du pacifisme bourgeois – et plus spécifiquement de la Société suisse pour la paix – jusqu’en 1914, on ne savait pas grand chose de son parcours durant la Grande Guerre. C’est à mettre en lumière cette période que s’est attelé l’auteur dans ce travail de Master, en s’appuyant sur le dépouillement de plusieurs fonds cantonaux, à Genève, à Berne, à Neuchâtel, à Zurich, à Lucerne, à La Chaux-de-Fonds, des Archives fédérales et de plusieurs revues pacifistes. Il commence par rappeler les origines et les premiers développements du mouvement, avant d’enfiler une série de chapitres qui traitent la question année après année – on peut s’interroger sur la validité de ce découpage chronologique un peu simpliste qui aurait peut-être gagner à être articulé en fonctions des inflexions du parcours de la Société pour la Paix durant la guerre.

La guerre ne signifie-t-elle pas la faillite complète du pacifisme bourgeois qui mettait tous ses espoirs dans le droit international et l’arbitrage international? C’est la première question à laquelle doit répondre le mouvement, plusieurs journaux les moquant cruellement. Mais cette péripétie ne compte guère face aux blocages internes et aux concurrences qu’il s’agit bientôt d’affronter. Dès l’automne 1914, la société est en effet complètement bloquée par la division entre Romands et Alémaniques, le fameux fossé moral jouant à plein durant toute la période. Les Romands estiment que la seule vraie paix sera acquise par une défaite du militarisme prussien; ils s’opposent donc à tout appel plaidant pour la cessation des combats et pour une paix immédiate, ils boycottent plusieurs manifestations, ils bloquent le fonctionnement du Bureau international installé à Berne, etc. Du côté alémanique, on estime que l’Allemagne lutte pour son existence, et lorsque la version germanophone de la revue du mouvement écrit dans sa livraison de septembre / octobre 1914 que l’entrée des troupes allemandes en Belgique est une violation brutale du droit international, elle se voit ensevelie sous une avalanche de lettres de protestations. L’incompréhension, voire parfois l’hostilité, entre sections romandes, genevoise surtout, et alémaniques rend tout travail en commun presque impossible. On se rabat sur des actions humanitaires ponctuelles, on s’engage à l’occasion de Noël dans une campagne contre les jouets guerriers, etc.

Pourtant, la Société suisse pour la paix se rend compte que son inaction laisse le terrain libre pour des concurrents. Zimmerwald et Kienthal témoignent d’un engagement socialiste pacifiste avec lequel il est certes impossible de s’associer, y compris sur la question des refus de servir, le principe de la défense nationale n’étant jamais remis en question, mais d’autres mouvements pacifistes bourgeois éclosent, à l’étranger – Union of Democratic Control, Anti-Oorlog-Raads, etc. – ou en Suisse – Ligue des pays neutres, Comité pour l’études des conditions d’une paix durable, etc. – qui pourraient lui porter ombrage. Mais aucun de ces mouvements ne parvient véritablement à s’imposer, donnant à la Société internationale pour la paix et à sa section helvétique l’impression qu’elle représente toujours la grande partie du pacifiste bourgeois. Dès 1918, lorsque se profile la création d’une Société des Nations, les Romands et plus particulièrement les Genevois, s’engagent avec enthousiasme pour ce qui leur paraît être un renouveau de l’esprit d’arbitrage du tournant du siècle, au contraire des Alémaniques, plus circonspects. La Société ne s’engage semble-t-il pas vraiment en tant que telle dans la campagne qui débouche sur la votation du 16 mai 1920. Dès lors, elle va décliner, campant sur ses positions et peinant à comprendre que la guerre a eu lieu et qu’elle a changé le monde, tandis que se développe autour d’elle un nouveau pacifisme.

Zitierweise:
Clavien, Alain: Rezension zu: Rickenbacher, Jean-Luc: Für den Frieden in einer Zeit des Krieges. Schweizerische Friedensgesellschaft und organisierter Pazifismus während des Ersten Weltkrieges, Bern 2018. Zuerst erschienen in: Schweizerische Zeitschrift für Geschichte 70 (2), 2020, S. 329-330. Online: <https://doi.org/10.24894/2296-6013.00063>.

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